Vincent Leloup
« Ayant joué une douzaine d’années au rugby, j’ai toujours eu envie de photographier ce sport, en particulier la dynamique et les mouvements qui lui sont propres : la montée d’une défense en ligne, le débordement, la passe croisée, le saut en touche, ou l’entrée en mêlée.
Pour cela, il est nécessaire de rendre les images les plus lisibles possible et donc, souvent, de prendre de la hauteur pour gommer les éléments perturbants, comme les publicités, et d’accentuer la rapidité du jeu par des vitesses lentes sur mon boîtier (bien en dessous du 125e de seconde).
C’est ce que j’ai essayé de faire sur les trois coupes du Monde que j’ai photographiées pour Libération ou le JDD, la douzaine de Tournois des Six nations, ou les finales de Top 14.
En travaillant avec le magazine Attitude Rugby, j’ai aussi abordé le rugby des champs, les coulisses des finales de petites séries, la joie de ces sportifs qui sont encore de taille humaine.
Avec des piliers qui marchent sur le terrain d’une mêlée à l’autre, des buteurs qui ratent les pénalités, des demis de mêlée qui font moins d’1,80 m, et tous qui chantent sous la douche. J’ai également photographié le rugby féminin lors d’une coupe du Monde.
Mais jamais je ne m’étais intéressé aux arbitres. Ils sont souvent la bonne excuse lors d’une défaite. Ils sont sous la pression du public, des dirigeants de clubs et des entraîneurs.
Tous hurlent sur le bord de la touche ou dans les tribunes à chaque décision de l’homme au sifflet qui est, pourtant, au cœur de l’action. On se souvient de l’expression de “sodomie arbitrale” assénée par un président de club du Top 14, en 2012, pour qualifier la défaite de ses joueurs. Elle lui a valu d’être condamné à 3 000 euros d’amende.
Pourquoi devient-on arbitre, comment supporte-t-on la pression, comment se former ? Hervé Marchon et moi avons essayé de répondre à toutes ces questions dans ce Rendez-vous. »
Du nouveau dans l’arbitrage vidéo
Des tests ont été effectués lors de ce match Pau-Montpellier. Le système est présenté à Éric Gauzins.
Au cours de cette saison, la Ligue nationale de rugby (LNR) a testé un nouveau système d’arbitrage vidéo.
L’objectif : « Permettre au corps arbitral de gagner du temps lors du recours à la vidéo », selon Joël Dumé, directeur national de l'arbitrage (DNA).
Mais il s'agit surtout de ne plus dépendre du réalisateur du match qui livre ralentis, gros plans et angles aux arbitres.
Avec le nouveau système, l’arbitre vidéo sera son propre réalisateur : il choisira les images qu’il veut visionner, maîtrisera les ralentis.
Le 23 mars, à Pau, Joël Dumé est venu assister à l’essai de cette nouvelle technologie. Dans une salle sous les tribunes, un écran tactile sur lequel arrivent, en léger différé (10 secondes), toutes les images des caméras de Canal .
D’un doigt qui tapote l’écran, l’arbitre sélectionne sa vue. D’un autre qui glisse, il choisit la séquence qu’il veut regarder. Une fois, deux, fois, trois fois.
Au ralenti, en avant, un peu plus loin. Arrêt sur image. Le système fonctionne, les arbitres le prennent en main.
Dans un article de Télérama sur l’arbitrage vidéo, Fred Godard, réalisateur de France Télévisions, reconnaissait ne pas fournir toutes les images, tous les angles, tous les ralentis au corps arbitral, pour favoriser ou ne pas pénaliser telle ou telle équipe.
Notamment les équipes françaises en coupe d’Europe ou le XV de France en match international. « Oui, il peut arriver que le réalisateur soit… disons, peu enclin à tout montrer, sourit Joël Dumé. Notre nouveau système les rend autonome. »
Ce nouveau dispositif d'arbitrage vidéo sera toujours en phase de test la saison prochaine.