Chaque mardi, nous publions une image politique de Bruno Levy. Une carte blanche accompagnée de ses remarques, commentaires, souvenirs, caustiques ou bienveillants mais toujours poétiques. Cette chronique photographique vous accompagnera de meetings en conférences sur les traces de nos représentants actuels, futurs ou passés. Aujourd'hui, Boody therapy chez les verts....
Dans les années 80, la photographie politique était simple, en noir et blanc, la droite, la gauche, Mitterrand contre Rocard, Giscard contre Chirac. Nous étions certes nombreux mais la presse était florissante et les agences françaises au top et les communicants ne contrôlaient pas tout.
Aujourd’hui, l’augmentation exponentielle des caméras de TV, l’apparition des smartphones dans les mains des militants, supporters, et badauds, ont amplifiés le phénomène de mur autour des femmes et des hommes politiques. Les journalistes écrits ont même pris l’habitude des qualificatifs méprisant envers ces journalistes capteurs d’image en parlant de meute de photographes.
Quel plaisir y-a-t-il alors à se jeter boitier photographique collé à l’œil au sein de ces mêlées, que viennent chercher les photographes suivant l’actualité politique ?
Bruno Levy qui tient cette chronique photographique et politique nous répond.
Premier contact avec la photo politique ?
C’est par mon père qui m’a demandé, à 14 ans, de faire des photos lors de son pot de départ au journal qu’il quittait car il venait d’être racheté par les De Wendel. Il avait choisi de partir pour ne pas travailler pour le « grand capital ». C’était pour lui un acte politique, donc des photos politiques. D’ailleurs, il est ensuite entré à L’Humanité. Puis ill y a eu mes années de travail au labo photo de Libération où j’ai vu passer des milliers d’images politiques.
Des influences ou des maîtres dans la photographie politique ?
Le maître c’est celui qui est imprimé, être publié, ça légitime. Tous les autres photographes dont je suis jaloux sont mes maîtres !
Un moment marquant où tu as vibré ?
En fait à chaque fois que je vais sur un évènement je pense que c’est le truc ultime, je crois toujours qu’il faut en être. C’est ce qui te pousse à te lever un dimanche pour faire une connerie au fin fond d’Aubervilliers parce que tu crois que si tu n’y vas pas tu auras raté un truc. Même si en rentrant tu ne le penses plus !
Tu aimes la baston ?
Pas du tout, je ne l’évite pas mais je fais semblant d’y être. J’ai l’impression dans ces moments de bousculade que je fais semblant de travailler, je n’arrive pas à faire des photos correctes, il y a d’autres photographes qui y arrivent vachement bien.
Les photographes en politique c’est un mur, une meute, un pack ?
C’est proche d’une meute mais en même temps c’est comme une sorte de farandole, comme un dragon du nouvel an chinois dans le 13ème qui épouse les mouvements du personnage politique à travers une foule.
Souvenir d’une bousculade ?
Le plus beau mur de photographes et caméras que j’ai vu c’est lors d’une venue de DSK à Bercy, au ministère des finances. Il était directeur du FMI et probable favori de l’élection présidentielle de 2012. C’était avant le Sofitel. C’était vraiment impressionnant !
Est-on neutre dans ses photos ?
Quand tu suis les gens tu as toujours au fond une empathie qui peut apparaître, même parfois à ton corps défendant par exemple quand on te fait un sourire.
Les politiques te reconnaissent-ils ?
Oui, certains, même s’il y en a pour qui je ne fais pas parti de leur monde. Jadot, Le Maire, ou Hidalgo me reconnaissent. Macron aussi, là c’est dû à un évènement particulier. Lors d’un salon du livre où j’étais sur le stand de l’éditeur XO, éditeur d’un livre de Macron. Le président visite le salon, la sécurité dégage tout le monde devant lui, moi j’étais à l’abri dans le stand mais quand je lève l’appareil photo le service d’ordre m’attrape par le col, je cris « Monsieur le Président » et là Macron dit « il est connu des services vous pouvez le laisser ». Il m’avait reconnu parce que je l’avais photographié plusieurs fois en interview quand il était ministre. Pour moi cela fait partie de leur métier de reconnaître les gens.
La politique ça se vend bien ?
La mienne non ! Mais tu as des gens comme Eliott Blondet qui font la Une de tous les journaux le lendemain d’un évènement. Souvent j’ai l’impression qu’il voit des trucs que je ne vois pas ou qu’il est plus présent. Ça. Se vendait mieux avant, quand il y avait plus de place dans la presse. Moins de place, moins d’argent, aujourd’hui la sélection est impitoyable.
Tu avais une chronique de portraits sur Libé « Bobines », et maintenant Photopol sur rdv-photos. Qu’aimes-tu dans ce format ?
La contrainte ! C’est stimulant. Bobines c’était tous les jours. Et je trouve très adapté au web ce format tu le visualise très vite puis tu passes à autre chose.